Menton face à son défi immobilier : entre pénurie de biens et attractivité record

Introduction : Le paradoxe mentonnais

Niché entre mer et montagne, Menton incarne depuis des décennies le rêve immobilier azuréen. Pourtant, la cité des citrons fait aujourd'hui face à un défi structurel : une offre de biens à vendre historiquement basse, contrastant avec une demande toujours plus pressante. Cette tension sur le marché local interroge les professionnels comme les particuliers sur l'avenir de l'immobilier dans cette perle de la Côte d'Azur.

Un marché sous tension : les chiffres qui parlent

- Baisse drastique des biens disponibles : Selon les dernières données de la Chambre des Notaires, le nombre de transactions a chuté de 23% sur les 12 derniers mois, tandis que le stock de biens en vente a atteint son plus bas niveau depuis 2015. - Prix en hausse constante : Le mètre carré moyen s'établit désormais à 5 800€, soit une progression de 4,2% sur un an, bien au-dessus de la moyenne régionale. - Délais d'écoulement réduits : Un bien correctement positionné trouve preneur en moins de 45 jours, contre 60 jours il y a trois ans.

Les causes structurelles de la pénurie

1. Le phénomène de rétention immobilière

Les propriétaires mentonnais, souvent âgés et attachés à leur patrimoine, hésitent à vendre dans un contexte économique incertain. "Nous observons une véritable frilosité chez les vendeurs potentiels, explique Jean-Marc Durand, notaire à Menton. Beaucoup préfèrent conserver leur bien en location saisonnière plutôt que de s'engager dans une transaction."

2. La pression touristique et résidentielle

Menton attire une clientèle internationale aisée, avec une demande particulièrement forte pour les propriétés de prestige. Les acheteurs étrangers représentent désormais 38% des transactions, contre 25% il y a cinq ans. Cette pression supplémentaire réduit mécaniquement l'offre disponible pour les acquéreurs locaux.

3. Les contraintes géographiques et urbanistiques

La topographie particulière de Menton, entre collines escarpées et littoral, limite les possibilités de construction neuve. Le Plan Local d'Urbanisme (PLU) actuel restreint par ailleurs les extensions urbaines, maintenant une offre foncière très contrainte.

Stratégies pour les acheteurs dans ce contexte tendu

1. Élargir les critères de recherche

Les professionnels conseillent aux acquéreurs d'envisager : - Les biens nécessitant des travaux (potentiel de plus-value) - Les appartements en rez-de-jardin ou sous les toits - Les communes limitrophes comme Roquebrune-Cap-Martin

2. Optimiser son financement

Avec des taux d'emprunt en légère remontée, les experts recommandent : - De comparer au moins 3 offres bancaires - D'envisager des prêts relais pour les propriétaires - De négocier les frais de dossier

3. Se préparer à une négociation serrée

Dans ce marché de vendeurs, les acheteurs doivent : - Présenter un dossier solide et complet - Être réactifs sur les nouvelles annonces - Envisager des clauses suspensives flexibles

Perspectives d'évolution du marché

Les professionnels anticipent plusieurs scénarios pour les 24 prochains mois :

1. Stabilisation progressive : Si les taux d'intérêt se stabilisent, certains propriétaires pourraient se décider à vendre, rééquilibrant légèrement le marché.

1. Accélération des prix : Une poursuite de la hausse des taux pourrait au contraire accentuer la rétention immobilière et faire flamber les prix.

1. Développement de l'offre locative : Face aux difficultés d'accession, le marché locatif pourrait connaître un regain d'intérêt.

Conclusion : un marché à suivre de près

Le marché immobilier mentonnais illustre parfaitement les tensions qui traversent la Côte d'Azur. Entre attractivité touristique, contraintes géographiques et frilosité des vendeurs, la situation actuelle appelle à une approche stratégique pour les acheteurs comme pour les vendeurs. Une chose est sûre : dans ce contexte, l'accompagnement par des professionnels locaux expérimentés devient plus que jamais indispensable.

> "Menton reste un marché de niche, où la connaissance fine des quartiers et des dynamiques locales fait toute la différence", souligne Sophie Martin, directrice d'une agence immobilière historique de la ville.

Les mois à venir diront si cette tension sur l'offre se résorbe ou s'inscrit dans la durée, redéfinissant peut-être les équilibres du marché immobilier azuréen.